Depuis plusieurs années, le Ladakh est un immense chantier de construction de routes.
Petit à petit tous les villages sont raccordés à la moelle épinière de ce réseau :
la route qui traverse le Ladakh de part en part le long de l'Indus.
Cette route est en cours de doublement
(en 2004, 2005, 2006, ...2013, ... ce sera bientôt fini)
car, en 1990, elle n'avait qu'une seule voie, partiellement goudronnée.
Ces photos de goudronnage ont été prises sur la route Manali-Leh
dont le doublement est contrarié à tout moment
par les glissements de terrain, la neige, les orages et le sous-sol instable.
(Les photos qui suivent ont été prises en 2004 et 2005.)



La construction d'une route est une opération de longue haleine qui dure plusieurs années. Le premier bulldozer est arrivé sur la route Manali-Leh au début des années 90. Il a permit de gagner des mois de travail à la pioche, à la pelle et à la main pour élargir et niveler un sentier ou un chemin existant.


Quand le tracé est convenable, les casseurs de cailloux entrent en action.

A l'aide d'un simple marteau, ils débitent tous les rochers et toutes les grosses pierres en petits éclats. Ceux-ci sont triés pour en faire des tas rectangulaires de petits éclats qui serviront de gravier, et des tas d'éclats plus gros qui serviront de sous couche. Tout ce travail ne peut se faire qu'entre juillet et septembre, et peut prendre plusieurs étés, donc plusieurs années.

Quand tout le chemin est bordé de ces tas calibrés, il est temps de passer à l'étape suivante : étaler les tas de gros éclats et les recouvrir de terre. Un camion et beaucoup de pelles sont nécessaires. La terre va se glisser entre les pierres pour les caler. On laisse la piste dans cet état pendant deux ans, parfois trois, pour que la pluie, la neige et le passage des véhicules stabilisent et tassent le tout.

C'est alors que commence le goudronnage :
 
 
 
 
L'opération devient maintenant plus spectaculaire :

Un camion chargé de bidons de 200L de bitume les dépose à intervalles réguliers le long de la route. Ensuite, une ou plusieurs équipes de travailleurs biharis sont déposés avec leurs outils près des bidons.

Après avoir penché un bidon et glissé au dessous des bûches enflammées, le bitume va commencer à fondre. Pendant ce temps, on installe des sortes de gamates en fer (de 85x160 cm environ) à côté des bidons - voir les photos -, et on les remplit avec les petits éclats de pierre cassés au marteau un ou deux ans auparavant.

Quand le bitume est fondu et bien chaud, c'est à dire quand une épaisse fumée noire irrespirable se répand sur la zone, on prélève le goudron dans une boîte de conserve, modèle collectivité de 5L, bien attachée au bout d'un bâton, et on le verse sur les éclats de pierre.
Avec des pelles, on mélange les pierres et le bitume, puis on en remplit des brouettes qui vont être déversées sur la piste à goudronner préalablement balayée et arrosée de bitume fondu.

Un coup de rateau permet de niveler le tout, puis tout est méticuleusement tassé avec une dame de maçon.

* * *
Ce procédé est toujours pratiqué en 2020 sur le réseau des routes secondaires.
Mais la route Srinagar-Leh-Manali a été classée "route nationale" (National Highway NH1) au milieu des années 2010. Elle a été élargie et re-goudronnée avec les moyens les plus modernes. Des centrales d'enrobage ont fourni un enrobé bitumeux de qualité, et cette route de haute montagne a reçu un revêtement digne des plus belles autoroutes.
La pluie, la neige, le gel et le dégel, créent fréquemment des glissements de terrain qui imposent des remises en état permanentes !