par Seb Mankelow
Lors d'une rencontre fortuite à l'aéroport de Leh en Février 2001, un officier de l'Armée
Indienne m'a confirmé que la route du Tchaddar (qui relie la vallée de l'Indus à celle du
Zangskar) devait être opérationnelle à la fin d'Octobre 2001. Maintenant qu'elle était financée par
l'Armée Indienne, l'officier était persuadé que les ordres seraient exécutés en temps voulu, et la
route, qui suivait le cours de la rivière Zangskar, achevée. La construction du dernier tronçon de la
route, une section de 60 kilomètres reliant Chilling avec le terminus de la route actuelle du Zangskar
juste au bas de la rivière de Hanamil, était prévue pour commencer le 1er Mars 2001.
Pour ceux qui connaissent le terrain que cette route doit traverser, sa construction en 8
mois semble invraisemblable. Les gorges du Zanskar sont, par endroits, si abruptes que l'accès à la rivière
n'est la plupart du temps possible qu' à ceux qui font du rafting en été, ou marchent sur la rivière
gelée, le Tchaddar, en hiver. Cependant, en voyant le terrain entre Leh et Kargil ou entre Leh et Manali,
on aurait également affirmé que relier ces villes par une route carrossable était également
impossible. Il n'y a aucun doute que l'Armée indienne et le savoir-faire technique d'organisations telles
que HIMANK et le BRO (Organisme des Routes frontalières) ont une grande expérience de la
construction de routes extrêmes. Apparemment, la récente extension de la route à Pangong Tso a présenté
plus d'un challenge que tout ce que le gorges du Zanskar sont amenées à offrir; bien que, au moment de
cette discussion, l'équipe technique dirigeant l'étude finale des gorges devait encore revenir du
tchaddar.
Un projet longtemps suivi, la "route du tchaddar" semble avoir piétiné ces
dernières années dans des difficultés de financement et encore l'an dernier le Département de Travaux
Publics (PWD) au Zangskar se préparait à nouveau à présenter une autre demande de fonds. Cependant,
avec l'implication confirmée récemment de l'armée indienne, l'attente paraît être levée, et l'achèvement
de la première route fournissant un accès permanent au Zangskar semble être une certitude.
Il n'est pas certain que le bénéfice réel de la route sera pour l'Armée Indienne.
Cependant, une route de repli pour Kargil, même utilisable seulement l'été à cause du Pensi La, aurait
l'avantage évident sur l'actuelle route Leh-Kargil de ne pas tomber sous l'artillerie pakistanaise. De
plus, la route du tchaddar, si elle est incluse dans le plan à long terme de la route Padum-Darcha (via
le Shingo La) et le tunnel sous le Rhotang Pass, pourrait vraissemblablement fournir le lien final qui
permettrait un accès par la route tout au long de l'année de l'Himachal Pradesh jusqu'à Leh.
Pour les Zangskaris, le tableau est également peu clair, bien qu'on puisse prédire à
peu près sûrement que de nombreux villages se trouveront subitement soumis à la circulation et à l'inévitable
vacarme des bus locaux et touristiques, des camions Tata et des convois de l'Armée. Pour les Zangskaris
et également les touristes, la vallée du Zangskar sera à une journée moyenne de bus de Leh. Un élément
qui selon de nombreux bouddhistes Zangskaris aura une grande influence sur leur combat pour déplacer leur
administration de Kargil à Leh.
Que l'achèvement de la route du tchaddar soit réalisé en Octobre ou plus tard, il est
de toutes façons imminent. Les Zangskaris bénéficieront inévitablement de la nouvelle route, même si
les développements positifs arrivent rarement sans quelques éléments négatifs. Quoi qu'il en soit, un
apport de la route est certain : la route remplacera la marche du tchaddar dans les gorges du Zangskar.
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