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La vallée de la Nubra est le point le plus au nord de l'Inde, à 2500 km du cap Comorin, l'extrémité sud de l'Inde. Cette large vallée à fond plat est à 3000m au dessus du niveau de la mer, soit 500 m de moins que la vallée de l'Indus à Leh. Les températures y sont aussi plus élevées.
Son surnom de " Vallée Interdite" vient du fait que l'armée a interdit tout accès à quiconque jusqu'en 1995 pour deux raisons :
1 - il a fallu arrêter l'armée chinoise à l'est qui après avoir envahi le Tibet, a aussi envahi les hauts plateaux ladakhis du Chang Thang,
2 - il faut arrêter l'armée pakistanaise à l'ouest qui après avoir envahi le Baltistan et une partie du Cachemire, occupe la basse vallée de la Shyok et une partie du glacier du Siachen dans la haute vallée de la Nubra.
Aujourd'hui, son ancien nom de "forbidden valley" n'a plus lieu d'être car toute la partie habitée de la vallée a été progressivement ouverte aux visiteurs en 1997, 2006, 2010 et totalement depuis 2017. Le glacier du Siachen lui-même est ouvert aux touristes indiens et étrangers en 2019, avec quelques conditions d'encadrement, d'âge et de capacité physique.
Au départ de Leh, à 3515 m, la route s'élève dans le paysage désertique propre à tout le Ladakh. Elle va monter jusqu'au Khardong La ("La" = col) qui culmine à 5359 m, et non à 5602 m. (photos du 30 août 1997)
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![]() Depuis le col, on aperçoit la chaîne de Stok enneigée, mais c'est dans la montée avant le col que l'on a les plus belles vues sur Leh et la vallée de l'Indus. |
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Au col. une courte pause permet de prendre une photo et de boire un thé chaud. Mais, à cette altitude, certains préfèrent revenir s'asseoir dans le bus en espérant qu'il reparte le plus tôt possible. Le mal des montagnes, ou mal de l'altitude, provoque des maux de tête qui heureusement disparaissent dès que l'on perd de l'altitude.
C'est ensuite la longue descente vers la Nubra. Malgré son altitude, ce col reste praticable toute l'année, car les chutes de neige sont ici très faibles à cause de l'extrême sécheresse de l'air, et aussi parce que l'armée en a besoin pour ravitailler les troupes qui gardent les Lignes De Contrôle avec le Pakistan et avec la Chine. Il ne reste jamais fermé plus de deux ou trois jours.
La chaîne du Karakoram sépare la Nubra des grands déserts d'Asie centrale : Taklamakan et Gobi. Mais déjà on peut traverser de petits déserts de pierres ou de sable. Le col du Karakoram (5600 m) est le seul col qui sépare la route de la soie du Cachemire. En effet, il suffit de suivre la Nubra puis la Shyok pour arriver au Cachemire sans franchir d'autre col.
Quand la Chine a envahi le Tibet en 1950, elle a aussi envahi la région désertique du Sinkiang au nord du Karakoram. Toutes ces frontières se sont brusquement fermées, et les caravanes qui étaient en route sont restées bloquées au retour au pied du Karakoram. Les magnifiques chameaux de Bactriane n'ont jamais pu rejoindre le désert de Gobi.
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Les deux rivières Shyok et Nubra prennent leur source au pied du glacier du Siachen dans deux vallées parallèles. Elles coulent d'abord vers le Sud-Est et viennent buter sur la chaîne du Ladakh où elles changent totalement de direction et descendent vers l'Ouest, vers le Pakistan. La rivière Nubra (ou bien : Siachen pour les locaux) se jette dans la Shyok un peu en amont de Diskit.
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Le monatère de Diskit est un vieux gonpa gelugpa du XIV°s. rattaché à Thikse au XVIII°. Il abrite une centaine de moines. On peut assister au festival Dosmochey en février, puis Gustor en octobre.
Le Bouddha Maitreya, haut de 108 pieds (comme les 108 perles du mala bouddhique - hasard ?), a été béni et inauguré le 25 juillet 2010 par le Dalaï Lama. Il a donné quelques enseignements à cette occasion. |
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Au bout de Hunder,la route franchit le pont qui a été autorisé aux touristes en 2010. A Thoïs, on longe l'aéroport militaire d'où l'armée ravitaille ses troupes sur le glacier du Siachen, puis la route traverse Skuru, village à l'habitat dispersé dans la verdure entre la route et la Shyok river. Le grand pont suspendu sur la Shyok que l'on aperçoit ensuite permet de se rendre à pied au village de Udmaru vers la gauche ou bien à Zangpo Chosling gonpa perché à droite.
Plus loin, la vallée se resserre, la route s'écarte de la rivière, monte au milieu de gros blocs rocheux, passe sous le village invisible de Changmar puis redescend pour passer en rive droite sur un grand pont. Pour franchir un passage étroit, la route doit négocier une grande bosse pour redescendre ensuite dans la vallée.
On change alors de région pour entrer au Baltistan, un tout petit bout de Baltistan que l'armée indienne a reconquis lors d'un conflit en 1971.
Rappel d'Histoire : Le 15 août 1947, lors de l'indépendance et de la partition de l'Inde et du Pakistan, le Maharadja du Cachemire a refusé d'être intégré à l'Inde. N'ayant plus d'accord à respecter avec les Anglais, il a repris sa place de Maha (=grand) -Radja (=Roi) du Cachemire. Deux mois plus tard, en octobre, le Pakistan aidé par l'Afghanistan, envahit le Cachemire sous le prétexte qu'il y avait une majorité de musulmans et donc qu'il devait revenir au Pakistan !
Sans armée, le Maharadja demanda l'aide de l'Inde, qui réussit à stopper l'armée Pakistanaise sans la faire reculer. Le Cachemire est depuis partagé en deux et l'accès au Baltistan qui faisait partie du Ladakh, tout au nord-ouest le long du Karakoram, a été bloqué.
Les villages baltis de Chalunka, Turtuk, Tyakshi et (Pacha)Thang qui étaient devenus Pakistanais, en même temps que tout le reste du Baltistan. sont redevenus indiens lors du conflit de 1971.
Après ce passage étroit, le prochain village s'appelle Bogdang. Il n'avait pas été pris par le Pakistan, comme ses proches voisins, mais ils étaient devemus musulmans, et le sont restés. Mais tous continuent à parler Balti, une langue dérivée du Tibétain, comme le Ladakhi. Bogdang n'a pas de guesthouse, n'a pas de TV et n'écoute pas de musique. Le coeur du village se trouve sur un plateau au-dessus de la route. Après Bogdang, la route repasse sur la rive gauche de la Shyok en franchissant "Pionneer Bridge". Ce pont a été la limite de la Line Of Control (LOC) entre l'Inde et le Pakistan de 1947 à 1971.
On laisse à gauche la Tébé Vallée, toujours interdite aux touristes, puis le village de Chalungkha sur un long et étroit plateau de la rive droite de la Shyok River, pour arriver à :
En se promenant dans les ruelles de Turtuk, on verra ce panneau qui résume l'histoire ancienne du village. Voici un résumé de ce résumé :
"Turtuk était autrefois habité par une tribu aryenne appelée : Brokpa, dont il reste les ruines du fort dans la montagne. Vers le 7-8°s. des troupes probablement d'Asie centrale s'emparent de Turtuk en tuant le roi et une partie de l'armée. Une grande partie de la population s'enfuit de l'autre côté de la montagne à Dah, Hanu, Biama, Gharkun et Darchik.
La religion que suivent les Brokpas est peu connue, mais les envahisseurs étaient des disciples Bön. La population suivit cette religion Bön jusqu'à l'arrivée du grand érudit Hamadan au 15°s. Il convertit une grande partie de la population à l'Islam Soufi Noorbakshia."
Turtuk Farol
Turtuk Yul
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Une ruelle du village le 02/10/2010, un champ de sarrazin en fleurs le 10/09/2013, le timide sourire d'une écolière le 18/08/2011 et le minaret de la mosquée le 03/10/2010. | ||
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Tyakshi
A 7 km de Turtuk, Tiakshi est un petit village tout en longueur, avec une seule rue droite bordée par des maisons de pierre sans toit.
Une particularité de ce village est que les habitants ne possèdent rien ! En effet, lorsque les autorités ont fui en 1971 devant l'armée indienne, elle ont emporté tous les documents administratifs. Les terres sont cultivées et les maisons sont habitées par des gens qui n'ont aucun titre de propriété ! Ils ne peuvent donc ni acheter ni vendre une chose qui ne leur appartient pas, ou plutôt dont ils ne peuvent pas justifier la propriété.
Cette description suit la route qui remonte la rive gauche de la vallée de la Nubra de Sumur à Warshi. Beaucoup de maisons dispersées au milieu de champs d'orge et de blé, et de nombeux arbres, Sumur est un village important de cette vallée.
Très haut (3842 m) au dessus du gonpa (3258 m) se trouve une grande forteresse entourée de ramparts renforcés par des tours rondes. Aucun chemin ne permet d'y accéder. Elle est absolument invisible depuis le village ou depuis le gonpa.
Cette forteresse et son enceinte sont bien visibles sur Google Earth (34°38'05 N, 70°38'45 E)
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Remparts du fort au dessus du village et de la rivière. | Porte d'entrée de la forteresse. | Ruines du côté des habitations. |
En route vers Panamik, on traverse Khyagar dont on ne voit que quelques maisons et deux épiceries. Il faut s'y arrêter pour faire le tour du Mane Khang d'un blanc immaculé, puis monter au Zimkhang Palace, maintenu debout peut-être pour protéger le temple au dernier étage.
Puis, en descendant la ruelle qui se termine sous un chorten-passage, on se trouve sur la piste de l'ancienne Route de la Soie, bordée de chortens et d'un très long mur de manis qui se terminent (route et mur) dans le torrent dont les crues ont emporté la suite.
Après Sumur, la route traverse traverse quelques hameaux et de grands champs de pierres avant d'arriver à Tirisha et Panamik. Entre les deux, à gauche de la route s'étend une large plaine jusqu'à la Nubra river.
Au milieu de cette plaine se dresse une colline sans intérêt apparent si ce n'est qu'en son milieu on trouve un lac sacré ... qu'aucun torrent n'alimente.
On va surtout à Panamik pour ses sources chaudes. Les militaires qui en avaient fait leur laverie à linge, et leurs bains-douches privés sont partis en 2005. Un restaurant agréable et un bâtiment de douches nouveaux ont pris la place.
Ces enfants de l'école primaire doivent se demander à quoi peut bien servir l'anglais, l'urdu, le tibétain et le hindi qu'ils ont au programme dès leur première année d'école primaire.
A 5 km de Panamik, on traverse le hameau de Hargam en laissant sur la gauche la route qui conduit au 1er pont sur la Nubra. Puis après Sasoma et un peu avant Tongstet, on laisse le second pont sur la Nubra pour continuer jusqu'à Warshi.
La vallée se resserre, on roule le long de falaises ou à travers de grands pierriers qui sont les cones de déjection de torrents occasionnels.
Sur cette rive aussi, les villages sont présentés en remontant la rivière depuis Charasa jusqu'à Yarma Gonbo. Dans la réalité, la route arrive en amont de Murgi après avoir franchi le pont de Hargam, et descend vers Charasa. C'est de là que l'on va remonter la rive droite de la rivière jusqu'à Yarma Gonbo, fin de la route, en passant par Kuri, Murgi, Ayi, Aranu, Kobet, Nonstet et Yargon (abréviation locale pour Yarma Gonbo).
On voit ici le plus bel ensemble de monuments de toute la vallée, et le plus spectaculaire aussi avec deux monastères et un fort posés sur un éperon rocheux qui s'avance dans la rivière Nubra.
Sur l'éperon rocheux qui s'avance dans la Siachen River, on voit de gauche à droite : un fortin à l'extrémité des remparts, Serdun gonpa le gonpa guélugpa rattaché à Diskit, Singkhar gonpa le nouveau gonpa drukpa rattaché à Hemis, et au dessus les restes importants du palais royal.
Avant de quitter Charasa, on peut aller voir l'empreinte du pied droit du Lama Dachompa. Elle est sur une roche noire qui affleure du sol, et abritée dans une cabane en terre, isolée sur un terrain vague, dans le prolongement du grand rocher.
La légende du lama Dachompa (Dhachompa Nyima Koungpa) est racontée dans le chapitre "Ensa"
C'est un petit village de 14 familles et 50 habitants, 2 tea-shops, et une école primaire pour 15 élèves et 2 instituteurs.
La photo de gauche montre l'accès à Kuri en hiver par dessus la Nubra River dont il ne reste qu'un filet d'eau. On arrive directement à Kuri à partir de la route Sumur-Panamik en 20 minutes alors qu'il faut plus d'une heure pour faire le tour en bus ou en voiture. (les deux photos ont été prises le 11 février 2008)
C'est ce même "Lhasa Gonpa" que certains méditants voient se refléter dans les eaux du Yarab Tso, le lac sacré entre Panamik et Tirisha.
Les faits historiques :
Durant le règne du roi Dakspa Bumde, Stod Changsem Sherap Zangpo fonda le monastère d'Ensa. C'est le plus vieux monastère de la Nubra, contemporain de celui de Diskit. Sherap Zangpo était un disciple de Tsongkhapa, le fondateur de la branche Gélugpa du Bouddhisme.
Ensa et Diskit sont les deux plus vieux monastères de la Nubra.
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Yarma Gonbo éloigné, isolé et difficile d'accès reçoit peu de visiteurs. Sauf le 23 juillet 2010 pour la visite du Dalaï Lama. | Tous les hivers, tous les habitants de la vallée viennent assister au Yargon Tungshak Festival. (photo du 16 février 2016) | Ce nouveau pont entre Nyungstet et Hénaché permet d'aller plus rapidement à Warshi en venant de Yarma Gonbo. (photo du 5 août 2018) |
(7 Rs pour 1 FRF en 2002, 56,5 Rs pour 1 € en 2004, 83 Rs en 2014, 73 Rs en 2016, 80 Rs en 2018, 78 Rs en 2019)
le permis.
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• Pour avoir une étude complète et détaillée sur l'histoire, la géographie et l'archéologie des vallées de la Shyok et de la Nubra, lire ce document.
• Pour lire une très riche étude archéologique de la Nubra, cliquer sur : Quentin Devers , Laurianne Bruneau et Martin Vernier
• L'association française "Juley, enfants du Ladakh" s'est fortement impliqué dans le développement des écoles de Diskit et de Sumur. Son action s'est développée à plusieurs niveaux : l'amélioration et la construction de locaux, une large campagne de parrainage pour aider les familles les plus pauvres à envoyer leurs enfants à l'école et l'achat d'un bus de ramassage scolaire qui permet aux enfants même très éloignés de venir à l'école quel que soit le temps.
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